[ABANDONNE] Où suis-je? [Aurora x Iseb]

Aurora

La louve avait quitté le camp Siblings il y a plusieurs mois. Elle ne voulait plus voir personne, sa mère et son père avait disparu, sa sœur tombait doucement dans les abysses et Dai jouait à l’asocial avec elle. Aurora avait laissé tomber cette meute. Plus rien ne l'y retenait. Elle s'inquiétait néanmoins pour Blacky, qui, malgré ses efforts pour cacher à la meute qu'elle était rongée de l'intérieur, n'avait réussi qu'à se mentir à elle même. L'ex Siblings était donc partie en solitaire, sur des territoires qui lui étaient jusque là inconnues. Elle avait longé les montagnes, tenter d'observés les Nordiens par la même occasions et était redescendue par le côté opposé. La pente donnait sur une grande étendue d'eau, non salée, ce qui intrigua fortement Aurora. Il y avait donc une autre meute sur l'île? D'autres loups? Intriguée, elle nagea un peu et repartit une fois son pelage sec. Elle avait retrouvée ses couleurs habituelles et était à présent par une nouvelle force, la curiosité.
La louve avait ensuite traversé une forêt semblable à la forêt des murmures, cet endroit qu'elle connaissait si bien. Elle la trouva pourtant très étrange car non seulement il y flottait de multiples odeurs qui lui étaient inconnus dont l'une qui la perturbait grandement, la mort. Elle secoua fortement la tête pour y chasser toutes les effluves invasives et parti en courant. Aurora arriva dans une zone encore plus macabre, au sol semblable à du sable. Elle y longea une patte et la ressorti immédiatement, dégoûtée par la matière visqueuse. Lorsqu'elle voulut repartir pour retourner au niveau du grand lac, elle ne put plus bouger. La louve baissa la tête et fut horrifiée de ce qu'elle vit. Son corps s'enfonçait à moitié dans le sable mouvant. Elle allait mourir noyée! Alors, une lutte commença. La louve bougeait frénétiquement les pattes, pour essayer de trouver un point d'appuis dans cette vase, mais elle s'enfonçait encore plus à chaque mouvement. Alors que seule sa nuque et sa tête n'étaient pas submergées, elle utilisa son pouvoir et envoya une vague de chaleur si forte, que même derrière le dôme elle dû se sentir. Aurora pria pour que quelqu'un ai compris qu'elle était en danger et vienne l'aider. Elle se mit à crier;

A l'aide! Au secoure! Quelqu'un! Je vous en prie!

Nyup Nyup!

Iseb était parti seul en excursion dans la forêt aux allures tropicales qu'était celle des Moraak, lorsqu'il avait ressenti cette intense vague de chaleur le traverser de part en part, suivie de lointains appels au secours. D'abord surpris, il regarda à droite, à gauche, essayant de comprendre d'où venait cette sensation subite, et tendit l'oreille. Des appels à l'aide lui parvinrent de nouveau, étouffés par la végétation dense et souple qui l'entourait. Ce n'était pas dans les habitudes du chef de guerre de venir en aide à des solitaires —puisqu'il ne reconnaissait pas lavoir féminine qui avait crié, et qu'il avait en mémoire tous les noms, visages, voix etc des membres de la meute—, mais pour le coup, la situation semblait critique pour la jeune personne. Et puis, comme aurait dit sa mère, il y avait un début à tout. L'énorme mâle clair s'élança donc vers la droite, bifurquant, sautant, se faufilant entre l'infinité d'obstacles verdoyants qui se dressaient devant lui, talent typique des Moraak qui apprenaient dès leur plus jeune âge à se mouvoir sans un bruit dans une forêt plus épaisse qu'un mur de briques. Sans un bruit, le canidé se retrouva bien vite à quelques mètres de la personne en difficulté. Une jeune louve, pas plus de 4 ans, dont l'odeur lui était totalement inconnue, était prise au piège des sables mouvants. Pour s'y faire prendre comme une débutante, elle ne devait pas être ici depuis longtemps. Iseb nota également que son odeur était en partie constituée de celles d'une multitude de loups, et sa méfiance redoubla. Cette demoiselle-là appartenait à une meute. Jusque'à présent habilement dissimulé derrière un luxuriant bouquet mélangeant fougères plantes plus ou moins exotiques, il décida de se montrer, et s'en extirpa le plus tranquillement du monde, feignant de ne pas réaliser dans quelle situation critique la jeune louve se trouvait. Non, au contraire, il lui demanda de but en blanc, sur un ton légèrement grondant et peu avenant :

- Qui es-tu? D'où viens-tu?

Aurora

La jeune louve se débattait dans la vase, mais s'enfonçait encore. Elle sentit une présence, mais n'étant pas sûre, elle ne dit rien. Ses soupçons se confirmèrent lorsqu'un loup sortit des buissons, son odeur était différente des solitaires, comme elle, il portait tout un tas d'autres effluves sur lui! Il devait faire partie d'un meute alors!
Lorsque le loup gris sortit de l'ombre, il lui parla le plus naturellement du monde, lui posant des questions d'un calme, comme s'ils étaient en face à face, elle grommela mais se souvint d'u coup qu'elle était dans des sables mouvants. Plutôt que de crié, elle arrêta de se débattre et parla aussi clairement que la situation l'y autorisait;

Je m'appelle Aurora Black, guerrière Siblings. Je viens de derrière les montagnes du Nord! Maintenant, s'il te plaît, tu peux m'aider?!

C'est sur ses dernière paroles qu'une nouvelle vague de chaleur émana de son corps, elle avait arrêté de bouger et essayait de sécher le liquide qui était autour d'elle pour sortir plus simplement. Mais rien à faire. Le loup grisé était sa seule chance. Aurora continuait inconsciemment de dégager de la chaleur, son pouvoir avait tendance à s'activer tout seul lorsqu'elle paniquait, l'étranger comprendrait vite que pour l'approcher, il faudrait qu'elle se calme. Elle lui épargna de parler et inspira un bon coup, la température redescendit alors le plus tranquillement du monde... Mais Aurora était toujours dans son bain de boue et il était à présent en train de recouvrir sa tête. Elle agita ses pattes pour essayer de rester à la surface, mais voyant que c'était peine perdue elle sortit sa tête dans un ultime effort, prit une grande inspiration et sombra.

Le grand loup pâle l'observait tranquillement se débattre inutilement et, petit à petit, sombrer.
Elle coulait bien vite d'ailleurs. Dans quoi, allez, trois minutes tout au plus, si elle continuait à remuer comme ça, c'était la mort assurée. Pourtant il l'observait paisiblement, et s'était même offert le luxe de s'assoir en attendant une réponse.
Dans sa tête se construisait un dilemme, une question de vie, ou de mort.
Deux choix s'offraient à lui : d'abord, sauver la demoiselle, en dépit du fait qu'elle fût solitaire. Après tout, elle était jeune, et avait le droit à la vie comme la plupart des gens. Mais en même temps, elle était sur leur territoire. Si il la tirait de là, il lui ferait bien comprendre de partir le plus loin possible, mais qu'est-ce qui lui disait qu'elle l'écouterait? Elle pouvait d'ailleurs tomber par la suite sur d'autres Moraaks, plus directs et surtout moins avenants, qui lui auraient enseigné la chose tout autrement que part les mots, et peut-être même la tueraient. Alors valait-il mieux la laisser couler?
Malgré le visage calme et impassible du chef de guerre, ces deux idées s'affrontaient dans son esprit aussi sûrement et violemment que deux cerfs. Brusquement la demoiselle déclina, aussi clairement qu'elle le pouvait, son identité : Aurora Black, une Siblings. Qui de plus était arrivée par les montagnes du Nord. Quelques secondes après, la louvette coulait.
Ces informations balayèrent le dilemme du mâle comme un fétu de paille.
Elle ne pouvait que leur être utile, avec la guerre qui se préparait dans la meute.
Sans attendre un instant de plus, Iseb s'aplatit au sol et se mit à ramper vers puis sur le sable mouvant, répartissant son poids au maximum. Cependant la petite louve avait disparu sous la surface, et il ne pouvait attraper aucun morceau qui aurait dépassé. Le gros mâle jura, se releva et se mit à remuer pour s'enfoncer volontairement dans la surface moelleuse. Les résultats ne firent pas attendre, et bientôt il en eut jusqu'à la taille, prenant bien garde à ne pas embourber ses pattes avant. Elle avait coulé à pic juste devant lui, il en était sûr. Iseb plongea ses deux pattes libres devant lui, et elles ne tardèrent par à rencontrer une surface chaude, lisse.
Bien, Aurora n'était pas encore irrécupérable. Il enserra la cage thoracique de la louve puis, en maintenant fermement sa prise, se pencha exagérément sur le flanc droit; technique de base pour sortir des sables. Dans un désagréable bruit de succion, il put extirper ses quatre pattes et même le corps de la Siblings. En l'attirant contre son poitrail, le chef de guerre roula tant bien que mal jusqu'à la terre ferme. Comme cela formait un exercice bien connu de l'entraînement Moraak, l'imposant mâle clair était à peine essoufflé, mais on ne pouvait pas en dire autant de la demoiselle. L'opération avait bien duré une voire deux minutes, sans qu'elle ait eu l'occasion de respirer : ses côtes ne se soulevaient plus. Merveilleux. Iseb grogna, exaspéré.
Et c'est ainsi que lui, haut placé Moraak, se retrouva à faire un massage cardiaque et une sorte de bouche à bouche à une personne dont il décimerait peut-être la meute. Dans son souvenir, Rajaak n'avait pas parlé de "Siblings"; mais si Aurora était passée par le montagnes du Nord, il était plus que probable que les siens se trouvent sur le chemin de Zack et ses guerriers lors de leur expédition. Enfin pour l'instant, le plus important était de la réanimer. Iseb soupira et reprit le bouche à bouche. Poisse.

La louve ne vit plus rien. Son museau partit en arrière, son corps bascula dans une nuée noire et boueuse. Elle ne vit rien contrairement à ce qu'elle croyait. Pas de tunnel noir avec une lumière au bout. Pas de flash de son enfance. Pas de souvenirs nostalgiques. Pas de regrets. Juste elle. Son esprit. Sa vie? Pourquoi pensait-elle encore? Alors qu'elle s'était déjà noyée dans ces tourbières.
Alors que ses pensées solitaires et étranges la tourmentait, elle sentit de l'air frai s'engouffrer dans sa fourrure poisseuse et la sécher. Sa tête bougea légèrement. Son thorax se souleva et elle toussa violemment, éjectant une pluie de boue mélangée à de la bave. Ses yeux s'ouvrirent dans la foulée et elle découvrit avec effroi que celui qui l'avait regardé crever dans les sables mouvant venait, de lui sauver la vie. Ô poisse.
Elle roula sur le côté, reprenant immédiatement ses réflexes de guerrière. Elle lui fit face comme elle put, son corps ne la suivant absolument pas dans sa démarche d'auto défense.

-Merci? *toux pleine de liquide baveux et verdâtre* Et donc maintenant tu vas me faire quoi?

Heya petit up!